Le jeu du Made in France
Depuis deux ans, l'Association des Créateurs-Fabricants de Jouets Français (ACFJF) se mobilise pour dynamiser la filière française du jouet. Pour Alain Ingberg, son vice-président, il s'agit de préserver tout un savoir-faire.
Univers Made In France :
L'ACFJF a eÌteÌ creÌeÌe en 2014 pour soutenir et dynamiser les fabricants français de jouets. Cette industrie eÌtait-elle en peÌril ?
Alain Ingberg :
Il y a un peu plus de 20 ans, nous eÌtions plus de 200 fabricants. En 2016, on en compte aÌ€ peine une vingtaine. La filieÌ€re jouets eÌtait en train de disparaiÌ‚tre. L'association a eÌteÌ creÌeÌe pour feÌdeÌrer les entreprises du secteur et deÌmontrer que le tissu industriel et eÌconomique du jouet s'appuie sur un savoir- faire local. De six membres aÌ€ l'origine, l'association en regroupe aujourd'hui 34, des fabricants comme Dujardin, Ecoiffier, JoueÌcabois, Jeujura, Meccano, Vilac, Vulli, SentospheÌ€re ou encore Smoby, mais aussi des creÌateurs dont le savoir-faire est reconnu mais qui, pour des raisons de couÌ‚ts, sont contraints de produire ailleurs. DerrieÌ€re ces entreprises, tout un maillage de PME françaises, des partenaires ou sous-traitants, est eÌgalement concerneÌ : plasturgie, couture, deÌcoupe du bois, laquage, traitement des caoutchoucs, cartonnage...
Au-delaÌ€ de promouvoir le jouet français, en France et aÌ€ l'eÌtranger, la mission de l'association est de mutualiser les forces, aÌ€ travers une entraide commerciale et industrielle. Il est difficile par exemple pour un fabricant, qui reÌalise un petit chiffre d'affaires, de rentrer chez une enseigne. L'ideÌe est de se reÌunir aÌ€ deux ou aÌ€ trois pour proposer une offre globale au distributeur. De meÌ‚me, pour la premieÌ€re fois, un Pavillon France sera installeÌ sur le salon de Nuremberg (Allemagne), premier salon mondial de jouets jusqu'alors inaccessible aux petits.
Que repreÌsente aujourd'hui le jouet français ?
7 aÌ€ 8 % des jouets vendus en France sont conçus ou fabriqueÌs dans l'Hexagone, sur un marcheÌ de 3,4 milliards d'euros qui eÌvolue selon les anneÌes entre -1 et + 2 %. Notre ambition est de repreÌsenter au plus tard en 2017, 10 % du marcheÌ. Certes, on n'atteindra pas les niveaux de ventes de Mattel, Hasbro ou Lego. Et la Chine, qui produit 65 % des jouets dans le monde, restera eÌvidemment aÌ€ la premieÌ€re place mondiale. Mais Sophie la Girafe, qui est fabriqueÌe aÌ€ Rumilly, en Haute- Savoie, est aussi commercialiseÌe en Chine...
Les magasins de jouets vous soutiennent-ils ?
Nous fabriquons du jouet toute l'anneÌe. De leur coÌ‚teÌ, les deÌtaillants speÌcialiseÌs vendent du jouet toute l'anneÌe, pas seulement au moment de Noël. Notre inteÌreÌ‚t est commun.
Ils sont donc sensibles au jouet français meÌ‚me s'ils n'ont pas d'autres choix que de proposer aussi les produits des multinationales. Mais la place qu'ils nous accordent est de plus en plus importante. D'ailleurs, nous menons actuellement, avec le soutien de la FeÌdeÌration française des industries du jouet et de la pueÌriculture, une grande campagne, assortie d'un jeu concours, dans 1 000 points de vente ouÌ€ l'on affirme que le PeÌ€re Noël est encore fier de fabriquer en France...
Le consommateur est-il sensible au jouet français ?
Selon une reÌcente eÌtude de la Grande ReÌcreÌ, 65 % des personnes sont preÌ‚tes aÌ€ acheter un jouet français. Les consommateurs sont en train de comprendre qu'acheter français, meÌ‚me un peu plus cher, c'est bon pour les emplois. L'ancrage est meÌ‚me reÌgional. Quand ils savent qu'un jouet est fabriqueÌ dans le Jura par exemple, ils acheÌ€tent volontiers. L'association soutient l'ideÌe qu'il est plus que jamais possible de creÌer et de fabriquer en France !