Textiles intelligents : le Made in France s'affirme
On les dit » connectés, innovants, visionnaires « on nous parle de vêtements à l'identité numérique unique selon le mode d'un profil facebook. Alors que la marque de jeans tricolore Kaporal s'apprête à sortir son premier jean vraiment intelligent … Mais jusqu'où iront-ils et de quoi parle-t-on exactement ?
En France, Cityzen Sciences a lanceÌ en 2016 la commercialisation de ses solutions de textiles connecteÌs en BtoB. La start-up lyonnaise creÌeÌe en 2008 travaille sur une dizaine de produits, notamment le D-Shirt, un maillot de corps intelligent destineÌ aux sportifs, vendu par le groupe japonais Goldwin. FreÌquence cardiaque, tempeÌrature corporelle... Ces maillots sont eÌquipeÌs de puces style carte Sim qui permettent de relever les donneÌes physiologiques de leur utilisateur.
Cityzen Sciences vient aussi de mettre au point un oreiller capable d'analyser la qualiteÌ du sommeil ainsi que des veÌ‚tements pour la montagne qui mesurent la freÌquence respiratoire en fonction de l'altitude. L'entreprise a instaureÌ un partenariat avec un groupe chinois qui exploitera ses brevets dans le domaine meÌdical destineÌ aux personnes aÌ‚geÌes. Cityzen Sciences (CA : 1 M€) regroupe une quarantaine de collaborateurs autour de deux structures : Smart Sensing (textiles intelligents) et Cityzen Data (analyses des donneÌes collecteÌes). Son objectif : creÌer un eÌcosysteÌ€me deÌvolu aux textiles connecteÌs et ouvrir son capital deÌbut 2017. Mais voici que le » Connecting jean « commercialiseÌ en eÌdition limiteÌe par la marque hexagonale, Kaporale, s'aveÌ€re eÌ‚tre une » expeÌrience fun-sociale « selon sa direction qui a simplement eÌquipeÌ le pantalon d'un QR code, relieÌ aÌ€ la carte de visite virtuelle de son proprieÌtaire, conçu en collaboration avec une start-up française sur un tissu entieÌ€rement connecteÌ.
Quid du vêtement professionnel ?
Mulliez-Flory a eÌgalement baÌ‚ti avec une dizaine de partenaires un projet similaire, baptiseÌ Autonotex, secondeÌ par le chimiste Arkema qui a mis aupoint un tricomposant qui peut eÌ‚tre tricoteÌ, teint et laveÌ aÌ€ la machine comme n'importe quel tissu. Les capteurs pourront eÌ‚tre poseÌs partout sur le veÌ‚tement et les composants ne seront plus exteÌrieurs au textile. Son P.D.G. espeÌ€re que l'armeÌe française va lui acheter ses nouveaux veÌ‚tements : » En combinant l'enregistrement des battements cardiaques, la tempeÌrature et d'autres donneÌes corporelles, les chefs de patrouilles pourront mesurer le niveau de stress de leurs hommes sur le terrain et exfiltrer les personnes trop sensibles avant qu'elles ne commettent des erreurs. Les chemises de pompiers seront eÌquipeÌes de diodes eÌlectroluminescentes et automatiquement rechargeÌes par les mouvements de leurs utilisateurs qui produisent de l'eÌnergie eÌlectrique capteÌe par le tricomposant «. Certes, l'importation excessive de produits » Made in China «, a preÌcipiteÌ la crise de l'industrie textile française dans les anneÌes 2000. Sursaut deÌ€s 2013 ! EncadreÌs par la structure de la Nouvelle France Industrielle, les textiles techniques et connecteÌs sont inscrits parmi les 34 plans industriels preÌvus. Objectif : deÌvelopper l'usine textile du futur dans l'Hexagone, avec de nouveaux modes de production fondeÌs sur la 3D et l'incorporation du numeÌrique et des nanotechnologies (capteurs, donneÌes transmises sur smartphone...). Selon l'Union des Industries Textiles (UIT), 40 % du textile produit en France fait deÌsormais partie des » textiles techniques pour tous les usages industriels «. Les premieÌ€res applications concernent le sport, la santeÌ et le bien-eÌ‚tre. Une mutation remarquable pour les Textiles du Nord qui apreÌ€s des crises de deÌcennies successives s'ouvrent aux textiles intelligents.
Fin 2012, le Centre EuropeÌen des Textiles Innovants (CETI) a eÌteÌ inaugureÌ aÌ€ Tourcoing.15 000 m2 et 50 millions d'euros d'investissement pour des ateliers, laboratoires de recherche et prototypage aÌ€ la pointe de la moderniteÌ. Son expertise technique et multi-sectorielle est deÌjaÌ€ reÌputeÌe. Son incubateur (Innotex) heÌberge chaque anneÌe huit projets innovants dont la start-up LeLab (chemise anti-tache et anti-transpirante). De son coÌ‚teÌ, la jeune pousse Wearismyboat (veÌ‚tements anti-mal de mer) a quitteÌ l'incubateur du CETI mais continue une collaboration reÌgulieÌ€re. Toujours dans le Nord, Damartext (ex-Damart, preÌ€s de 700 millions de CA) a deÌveloppeÌ des sous-veÌ‚tements rafraiÌ‚chissants aÌ€ partir d'une fibre contenant des micro-capsules aÌ€ la cristalline de sucre, qui fondent au contact de l'humiditeÌ.
Une autre entreprise prometteuse dans l'Est aÌ€ Nancy : Karim Oumnia, P.D.G. de la PME Digitsole, a mis au point la premieÌ€re chaussure (smartshoes) connecteÌe » Made in France «. L'innovation mondiale a neÌcessiteÌ trois ans de recherche et deÌveloppement. Elle est bardeÌe de capteurs mesurant les efforts physiques, transmis sur smartphone et contient meÌ‚me un teÌleÌphone portable ! La socieÌteÌ lorraine veut devenir le numeÌro un mondial de la basket connecteÌe et souhaite exploiter son innovation sous licence.
AÌ€ Mulhouse, la start-up Spinali Design a deÌveloppeÌ un bikini connecteÌ comprenant un capteur UV eÌtanche qui alerte le smartphone de l'utilisatrice en cas d'exposition prolongeÌe au soleil. La jeune pousse fabrique aussi des robes connecteÌes, doteÌes de fonc- tions speÌcifiques interagissant avec un smartphone.
Quid du coÌ‚teÌ des Innovateurs franciliens ?
Le reÌseau innovation immateÌriel pour l'industrie (R3iLab), financeÌ par l'EÌtat et situeÌ aÌ€ la CiteÌ de la mode et du design aÌ€ Paris est un laboratoire dont les programmes visent aÌ€ deÌvelopper des prototypes industriels de veÌ‚tements intelligents aux technologies numeÌriques.
La Fashion Tech - association creÌeÌe en juillet 2015 et baseÌe aÌ€ Montreuil - regroupe des professionnels de la mode. Elle veut feÌdeÌrer des innovateurs responsables de la mode, le numeÌrique et le deÌveloppement durable dans plusieurs pays. Bel avenir pour un Made in France intelligent.