L'heure du grand retour ?
On peut regarder les chiffres de production de l'horlogerie française fournis par FranceÌclat*, de deux façons. D'abord pessimiste, et constater qu'entre 1995 et 2015, les effectifs de ce secteur ont fondu de moitieÌ aÌ€ 3 000 emplois. Tandis que le CA tombait de 546€ aÌ€ 295€. Ou alors, se dire qu'un palier a eÌteÌ atteint et que montres et horloges tricolores remontent la pente comme l'indiquent les cinq derniers exercices qui ont tous deÌpasseÌ 2010, anneÌe plancher (232€). D'autant que sur la meÌ‚me peÌriode, les activiteÌs neÌgoces et exportations/reÌexportations ont atteint des sommets (presque 2,5 Mds d'euros en 2015).
Pour s'en tenir au seul sujet du » made in France «, le succeÌ€s constant de certains horlogers et plusieurs relances creÌdibles (LIP, Beuchat, JAZ...) augurent de jours meilleurs. D'autant que nos fabricants ciblent deux des segments les plus forts en valeur, celui des montres de » 150 aÌ€ 750€ «(31% du CA en 2015) et celui du » 3000€ et plus « (42 %). Au sommet, notons, entre autres, la manufacture Pequignet qui eÌlabore et fabrique ses propres complications horlogeÌ€res, souvent supeÌrieures aux vedettes suisses, mais qui, logiquement, ne se bradent pas. TreÌ€s introduit dans les sports meÌcaniques, BRM, propose depuis 12 ans, sur base de mouvements suisses, des garde-temps aux dessins exclusifs et usineÌs localement (deÌ€s 2 000€). Mais l'heure française sait aussi eÌ‚tre abordable comme avec LIP qui joue le PheÌnix aÌ€ la veille de ses 150 bougies (fondeÌ en 1867). On se souvient du conflit social de 1973 qui inspira les » Paroissiens de Palente « aÌ€ l'auteur Maurice Clavel et de la tentative de continuation en autogestion. On se souvient aussi qu'en 1990, le repreneur d'alors avait transfeÌreÌ l'activiteÌ dans le Gers – subsides locaux aidants –, se contentant de composants chinois pour vouer LIP aux grandes surfaces ou primes d'abonnement aÌ€ la presse. Reste que depuis 2014, le jurassien SMB, bien connu des distributeurs horlogers, parie sur une sortie de l'ornieÌ€re graÌ‚ce aÌ€ deux nouvelles lignes – CreÌateurs et Historiques – qui revisitent habilement les modeÌ€les phares d'antan (Himalaya, Panoramic, Talon...) et, bien suÌ‚r, la » GeÌneÌral de Gaulle «. LIP a aussi repris le chemin des bijoutiers-horlogers, deÌveloppant et assemblant ses montres (de 150 aÌ€ 500€), aÌ€ Besançon avec les quartz d'IsaFrance aÌ€ Villers-le-Lac (25) ou des mouvements japonais.
Reste une deÌlicate reconqueÌ‚te dont se dispense Michel Herbelin, l'autre signature horlogeÌ€re nationale bien connue depuis 1947. Cette entreprise familiale de Charquemont (25) conçoit et fabrique dans ses ateliers du Haut Doubs, les 85 000 montqu'elle distribue dans 50 pays. Sa gamme large et soigneÌe (300 aÌ€ 2 000 €) fait uniquement appel aÌ€ des mouvements suisses reconnus.
Mais pour tous nos horlogers tricolores restent deux questions. La vente en ligne, encore limiteÌe pour l'horlogerie moyen et haut de gamme.
Et la montre connecteÌe. Surtout servie par les vendeurs de smartphones, elle n'a vu qu'une poigneÌe de reÌpliques de la part des Suisses (Breitling, FreÌdeÌrique Constant, Tag heuer...). AÌ€ quand la reÌponse » made in France « ?
FranceÌclat - ComiteÌ Professionnel de DeÌveloppement de l'Horlogerie, de la Bijouterie, de la Joaillerie, de l'OrfeÌ€vrerie et des Arts de la Table